J'ai déjà parlé de Maniglier mais pas du livre que je lis ces jours-ci: La vie éngmatique des signes, sous titre:Saussure et la naissance du structuralisme.
Le livre le plus extraordinaire que j'ai jamais lu sur Saussure et qui m'a même amenée à relire le cours de linguistique générale. Une lecture à l'opposée de celle de Michel Arrivé qui malheureusement est souvent la seule référence linguistique de beaucoup de jeunes psys contemporains.
Maniglier entre dans tous les méandres et les contradictions du CLG , mais en fait ressortir un sens particulièrement troublant. Oui, troublant. Qui trouble la pensée. La remobilise.La ravive .La déstabilise mais pas en ce sens médiatique, où il voisine avec par exemple le "décapant." Non, là, on perd vraiment l'équilibre. On prend conscience de tout un pan de la pensée de Saussure qui n'a pas été mis en avant du tout. Il y avait bien eu en 1976 un petit texte de Baudrillard consacré aux anagrammes dans L'échange symbolique et la mort mais Maniglier,c'est autre chose. Baudrillard nous présentait en quelque sorte une folie cachée et peu connue de Saussure. Là, c'est le nerf organisateur de la pensée de Saussure qui est rendu apparent mais au travers d'une lecture mot à mot des notes qui ont été prises par plusieurs de ses élèves.
J'ai retrouvé la référence à la "nébuleuse" dans laquelle j'avais cru discerner une intuition "phénoménologique" chez Saussure, mais Maniglier m'a permis de me rendre compte que cette nébuleuse, le fait que l'idée soit indiscernable avant la nomination mais que néanmoins , cette "idée" , ce n'est pas "rien" ,apparait constamment dans le CLG et non pas exceptionnellement comme je l'avais cru. Mais le réel, chez Saussure, réinterrogé par Maniglier, ce n'est pas un "effet de langage", c'est toute la différence avec entre autres, Michel Arrivé. Pour moi qui travaille à une articulation entre structuralisme et phénoménologie, l'apport de Maniglier est précieux. Les amis de Nice qui ont aussi commencé à s'interroger sur cette articulation apprécieront ...s'ils ont la patience de lire le texte parce qu'il est très long.
Hein, Alessio?
lundi 9 août 2010
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