Aujourd'hui, relecture de vieux textes.Un texte de juin 1984, étrange, s’infiltre brusquement dans
mon travail sur la désymbolisation.
(Je viens de parler du « qc » qui est radicalement hétérogène
à la représentation, le non-représentable , la chose…et :
brusque dérapage en quelques lignes vers un autre genre…
…Donc il est faux de dire que le qc est le symbole ; mais la symbolisation le ramène d’une
certaine façon.
C’est une opération qui se passe chez un individu …mais les
cultures ? Certaines en parlent. Pas toutes. Certaines ne veulent pas en entendre
parler. ….)
….Il y a alors des individus qui en parlent contre leur
culture et ils crient d’autant + fort qu’on ne veut pas les entendre ! Ils
disent tous ensemble, chacun tout seul : nous avons vu la chose que
personne ne peut voir, nous avons vu et suivez notre regard. Nous avons vu
quand nous écoutions. Nous voulons que vous entendiez ce que nous avons vu.
Il dit nous et il est seul. D’ailleurs pas il ; c’est
ELLE.
Ils voudraient se reposer. Ne plus entendre parler de la chose,
la chose les poursuit avec acharnement. Ils vont aux terrasses des cafés et
regardent passer les beaux jeunes
hommes. Ils sont contents ; la chose a disparu.
Mais non ! Voici qu’elle ressurgit avec toutes ses
métastases ; l’horrible chose. On marche sur la chose et la chose hurle,
elle se rebelle, elle veut se faire entendre.
Que dit-elle ?
Qu’est-elle , la chose ?
C’est la chose qui fait parler, alors ils veulent la faire
taire.
La chose se révolte, hurle, la chose trépigne.
A chose fond en larmes
Et va rejoindre la mère
La chose est fondue
Confondue
Confiserie
Toute con.
Mais non de Dieu dit Branchu ! De quoi s’agit-il ?
Je ne comprends rien ! Je ne vois plus que des métastases…
Une gerbe de métastases comme un soir de 14 juillet.
-normal, dis-je , car
ce SONT des métastases ; alors si tu en vois, rien à redire parce que
c’est ça. On ne peut le nier.
La chose hurlante et bavante ne niera pas. Elle est coite.
Dure à cuire
Le cuir et la peau
-Ma prothèse ! s’écrie la chose ! Où est passé ma
prothèse ?
La chose s’enduit les cheveux de bave et s’endort. La chose
pisse et se noie.
Un jour, elle se fera greffer des lunettes dit-on dans les
couloirs de l’ambassade. Son nom de Stockholm dans Paris encombré.
Quoi ! Une bicyclette
rouge !
Non ! hurle-t-il ! non, tout mais pas ça.
Il meurt de rire, comme elle disait il y a 10 ans.
Et voilà ! on a encore perdu la chose.
Ils sortent dans la nuit et battent la campagne à la
recherche de la chose. On murmure que la chose est une thèse. On s’arme de bâtons
et de fourches car pour une thèse, ce n’est pas de trop.
D’un côté de la fourche, on va à Kremlin Bicêtre, et de l’autre
à Ivry.
On aurait vu la chose à Tolbiac et la rumeur s’amplifie ;
c’est une thèse, plus personne n’a aucun doute. Gibus se terre et se fait large
pour cacher la chose qui est une thèse. Mais elle déborde et on voit dépasser
ses tentacules. Les tentacules de l’horrible thèse happent les idées qui se
sont égarées autour de Gibus qui assiste
impuissant au terrible combat des tentacules de la thèse avec ses
propres métastases.
Mais où est donc la chose ?
Qu’est ce que c’est que cette chose ?
Gibus se meurt.
On écarquille les yeux et là, on ne voit plus rien.
Un symbole apparaît.
La petite armée de fourches et de bâtons s’engage résolument
dans une forêt de symboles.
J’ai vu, dit l’un, l’arbre qui cachait la foret, d’ailleurs
je le tiens, là au bout de ma fourche.
Merde ! je l’ai perdu !
Mais t’es con, dit l’autre, tu pouvais pas le tenir ce
symbole ? Maintenant il va falloir qu’on se fasse toute la forêt. Où est
passé l’arbre qui cachait la forêt ?
Nous voulons l’arbre qui cache la forêt !
Nous voulons l’arbre qui cache la forêt ! clament-ils
tous en chœur.
Nous voulons cet arbre et nous l’aurons.
On n’est toujours pas sorti de la première partie et la
chose a déjà disparu ; c’est absolument anormal car en principe la chose
ne devrait disparaître qu’au 2 éme acte.
Tiens tiens ! fait-il en balançant sa grande oreille, vous avez dit acte ? mais vous vous croyez
où ? Il ne faudrait pas confondre la chambre de bave avec un théâtre, on
est pas ici pour rigoler.
La chose se remet à pleurer.
La chose est toute petite, blonde avec des yeux bleus comme
les deux grand-pères qui conduisaient des trains.
La chose adore les trains.
La chose joue avec de vivants symboles et mâche pensivement
de confuses paroles.
La chose est petite
La chose est minuscule
La chose n’est pas encore née
La chose n’est plus qu’une chose ; la chose a rejoint
l’autre chose. La chose est un je-ne-sais quoi, un presque rien.
La chose est un ventre vide
La chose est avant l’existence de toute chose.
Puis la chose a des mains.
Mais dites quelque chose, dit la chose avec ses mains.
Ils ne veulent rien dire.
Alors la chose bave et s’endort.
La chose prend une hache et de ses mains minuscules tranche
l’arbre qui cachait la forêt.
Alors l’horrible surgit : il n’y avait pas de
forêt !
Il n’y en a jamais eu ; l’arbre non seulement ne
cachait rien mais pire encore cachait : RIEN
Et ils le savaient eux avec leurs bâtons et leurs fourches
qu’il n’y avait rien ; alors pourquoi ils sont partis en guerre pour faire
croire à la chose qu’ils étaient des héros ? Quand l’arbre est tombé, la
chose a perdu ses idoles.
La chose a commencé à penser à la chose ; à une autre
chose qu’elle avait été dans un passé immémorial.
La chose raconte des histoires, elle dit : det var en gong en kvinna som var in ensam i
en skog.
Elle va en Suède, la chose, pour fuir la chose.
Mais qu’elle est con !
Là-bas, deux grandes personnes l’attendent d’un pied ferme.
Ils sont venus en train et ils l’attendent.
Notre chose arrivera-t-elle à s’échapper ?
A suivre…..
..
On reprend à t’es con :
La petite troupe a son leader qu’on appelle le schizo car il
a la fâcheuse habitude de traiter les mots comme des choses. Les mots le lui
rendent bien ; ils tourbillonnent autour de lui, tournent sur eux-mêmes,
l’étourdissent et se moquent de lui. Le schizo se sent tout chose.
Il bave et il s’endort.
Le schizo part à la recherche de son arbre ; il finit
pas rencontrer pas l’arbre, mais UN arbre, un arbre honnête qui n’a jamais
prétendu cacher la forêt ; il s’appelle Branchu.
Normal, dis-je, puisque c’est un arbre !
Ah ! que je suis drôle ! Mais comment puis-je
faire des remarques aussi désopilantes ? Et si rationnelles ?
Branchu dit : vous n’avez pas vu une thèse ?
Non, dit le schizo mais nous pouvons chercher
ensemble ; ce n’est pas trop dangereux.
SI ! dit branchu ; mais nous sommes des hommes,
non ?
Le schizo prend peur, bave et s’endort.
Branchu part donc tout seul à le recherche de la thèse que Gibus
a perdu par mégarde ; Gibus attend avec confiance qu’on lui ramène sa
thèse et ne se rend pas compte qu’il est assis dessus .
Branchu fourbu après une journée de recherche sonne à la
porte de Gibus ; Gibus se lève et va lui ouvrir.
La thèse qui était complètement écrasée et ne pouvait
respirer essai de reprendre un certain volume, notamment au moyen d’exercices
respiratoires appropriés mais elle est complètement tordue et informe.
Branchu s’écrit : mais qu’est ce que c’est que ce
poulpe ?
Mais c’est ma thèse dit Gibus ! Je me suis assis
dessus ; mais elle va se remettre.
C’est comme les bouchons d’oreilles, les petites éponges
jaunes.
Suite :
Que veut on dire par le symbole représente le non
représentable ?
Le journal de thèse reprend son cours…
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